Theo 14 septembre 1934 - 20 décembre 2001

19 ans déjà!

Nous pensons à toi.

Ria

Lieve Ria,

Nous ne l'appelions jamais "maman", alors que je suis très heureuse d’avoir eu Ria comme mère.

Un jour, ma fille, qui utilise également seulement mon prénom pour m’appeler, est venue partager avec moi une grande découverte qu’elle venait de faire : « tu es ma maman et Ria est la maman de ma maman ». Elle avait juste, Ria était ma maman, nous étions proches comme les parents savent l’être de leurs enfants.

Son intérêt illimité pour moi me manque. Peut-être ceci est devenu encore plus vrai quand j’ai atteint l’âge adulte. J’aimais partager mes pensées avec elle car elle savait écouter. Lui parler me procurait souvent le sentiment d’être comprise par elle et par moi-même. Elle ne faisait pas que m’écouter, elle partageait dans une grande transparence sa vision sur la/sa vie. Je lui suis reconnaissante de son honnêteté et de son authenticité.

Quand nous ne partagions pas la même opinion elle savait trouver les mots pour me faire comprendre la valeur et l’intérêt de son point de vue.

Ses ressentis, ses questionnements et même ses souffrances étaient pour moi un exemple d’ouverture d’esprit et de savoir prendre du recul quand il le faut. Elle avait la capacité de mettre une autre lumière sur mes propres interprétations. J’ai le souvenir de me sentir très proche d’elle lors de ce genre de conversations.

Avec le recul je me rends compte qu’elle était forte, beaucoup plus que l’image que l’on (que je) pouvait avoir d’elle. Pour cela aussi je lui suis reconnaissante.

A la fin elle m’a apprise ce que c’est de mourir. Elle a su accepter de devoir se séparer de tout sauf de sa personnalité et son sens de l’autodérision. Dans ma tête j’entends encore son fou rire…

"Mon Grand Chéri"

Quel bonheur, ce souvenir des premiers mots que tu m’offrais à chaque début de nos conversations téléphoniques quotidiennes. Hé oui, depuis la pose de ta « pile », j’avais pris la très bonne habitude de t’appeler chaque soir vers 19h, où que je sois, même très loin sur un bateau…, tant pis pour la note de téléphone. Je ne savais pas encore que je ne regretterai jamais ces investissements.

Tu m’as donné beaucoup d’amour, et j’espère avoir été à la hauteur. En retour, je t’ai aimé à ma façon, en t’accompagnant durant tes vingt dernières années, en écoutant tes joies et tes peines, en faisant mon possible pour que ta vie sois confortable, en célébrant avec toi et en famille, tous les anniversaires, Pâques, Noël et évènements exceptionnels.

Nous avions l’un pour l’autre cet Amour inconditionnel qui te permettait de me témoigner une confiance absolue, et qui moi, m’empêchait de juger ta vie d’avant. Tu as accompagné les grandes étapes de ma vie, sans jamais émettre de doute. Mes prises de risque professionnelles, mon choix d’une nouvelle vie de couple…. Tu étais quasiment toujours la première informée de mes grandes décisions.

Aujourd’hui, tu n’es plus présente physiquement, mais ce n’est pas grave, c’est la vie, c’était prévu. L’important pour moi, ce sont les souvenirs qui ne s’effaceront jamais, grâce à ma mémoire et aux photos de tes sourires. Etrangement, en cette période de pandémie, je suis soulagé que tu ne vives pas ce cauchemar. Je suis heureux de savoir que tu ne « ronchonnes » plus pour tout et rien car les derniers mois n’ont pas été simples. Certaines obsessions te faisaient ruminer sans cesse et tu ne voyais plus la vie aussi positivement qu’avant….

Je suis extrêmement Heureux d’avoir été à tes cotés pendant tes dernières heures, et d’avoir pu t’exprimer mon amour en te disant pour la première fois : je t’aime. Quelle drôle d’éducation ais-je reçu. Ne jamais communiquer ses sentiments en pensant que les actions ou témoignages suffisent. L’un n’empêche pas l’autre, mais c’est certainement dommage de ne pas avoir réussi plus tôt à les exprimer oralement.

Je termine par une signature que, par contre, j’ai utilisée quelques fois en ces dernières années :

Ton Fils qui t’aime et qui pense à toi.

Tony